jeudi 25 mars 2010

Treize minutes, pas plus

article de lucienne magalie pons

Monsieur le Président de la République s’est accordé hier depuis l’Elysée, le temps d’une déclaration de treize minutes, pour « répondre aux attentes » de plusieurs millions de Français.


D’entrée il a informé ses « chers compatriotes « qu’il s’agissait d’un scrutin local , il nous a appris que par nos choix et une abstention extrêmement élevé, nous avions exprimé ce que nous ressentions dans un contexte de crise économique, crise financière, crise agricole qui « rend si dure la vie quotidienne de tant d’entre vous » et que son devoir était d’entendre ce message


Note : pas de mea culpa, il n’a pas évoqué un seul instant que les abstentionnistes pour certains d’entre eux au moins ne sont pas d’accord avec sa ligne politique.


Il a rappelé à « ses chers compatriotes, qu’ils l’avaient élu « pour sortir notre pays de l’immobilisme qui l’empêchait d’entreprendre les réformes nécessaires que tous les autres pays mettaient en œuvre. Nous avions accumulé beaucoup de retards, un retard qui mettait en danger notre prospérité, notre cohésion, notre place dans le monde. J’ai pris l’engagement de combler ce retard » et s’est justifié en nous apprenant que : « Depuis trois ans beaucoup de réformes ont été mises en œuvre. Elles ont demandé à nombre d’entre vous une somme considérable d’efforts, elles ont, j’en ai bien conscience, bousculé bien des habitudes. Elles ont fait naître des incertitudes, parfois même des angoisses. Vous avez souvent le sentiment que ces réformes n’ont pas changé votre vie quotidienne. La crise, ajoutant ses difficultés, a empêché de voir les effets positifs de tout ce qui a été accompli. Je comprends votre impatience. Je me dois d’y répondre. Mais mes chers compatriotes, rien ne serait pire que de changer de cap du tout au tout, en cédant à l’agitation propre aux périodes électorales » en ajoutant que « Les conséquences économiques et sociales de la crise financière, la nécessité de tirer les leçons de ce qui s’est passé, exigent du sang-froid. »


Note : ce n’est qu’un bilan approximatif qu’il explique par la crise et ses conséquences. Là encore le Président ne remet pas en cause sa ligne politique


Il revendique ensuite son rôle « C’est le rôle du Président de la République d’assurer la stabilité, la continuité, de fixer une ligne et d’éviter les à-coups.


Note : …. et d’éviter les à-coups …………….


Il passe en suite du « Je » au « nous » et nous affirme qu’ « Il y a des choix sur lesquels « nous » devons faire preuve de constance.


Note : on peut penser que ce « nous » englobe lui-même, le Gouvernement et la majorité présidentielle, que je n’aurais pas l’outrecuidance de qualifier de résiduelle quand on peut observer les réserves et réticences qui agitent certains cadres de l’UMP et du Nouveau Centre à la suite des régionales. A mois que ce « nous » ramène tout à lui, nos anciens monarque s’exprimaient par ce « Nous » en s’adressant à leur sujets.


Ensuite il reprend confirme son « cap « « Nous devons continuer les réformes. Arrêter maintenant ce serait tout simplement ruiner les efforts accomplis » …il rappelle que nous lui avons fait confiance, et promet » Je tiendrai mes engagements » et rappelle que la crise « ne doit pas « nous » inciter à ralentir, mais au contraire à aller plus loin afin de construire un nouveau modèle de croissance.


Note : nous lui avons fait confiance en effet en 2007 sur ses promesses, mais cette confiance en 2010 reste en suspens, nous attendons des résultats qui ne sont pas au rendez- vous, pouvoir d’achat en baisse, croissance en chute libre, compétitivité bloquée par insuffisance de moyens d’investissement, chômage en hausse, …..protection sociale en déroute, un bilan négatif qui ne répond pas à ses promesses de 2007 …. n’en rajoutons pas ce serait trop cruel.


Ensuite le Président affirme : « Nous avons fait depuis trois ans le choix de la compétitivité, le choix du travail. C’est un choix absolument capital. Nous l’avons fait parce que notre priorité absolue c’est l’emploi. Nous devons continuer à alléger nos charges sur le travail et sur l’investissement, nous devons continuer à refuser toute augmentation d’impôts Nous avons fait le choix de la production, le choix de l’industrie, le choix de l’investissement. Nous devons continuer à investir dans l’innovation, dans la recherche, dans nos universités. …. « Nous avons fait le choix de ne laisser personne sur le bord de la route. Tout ce qui pouvait être mis en œuvre pour protéger les effets du chômage a été entrepris. »


Note : un catalogue intentionnel de choix prestigieux ….on peut toujours choisir dans l’absolu quand la mise en œuvre de ces « choix » qu’en est-il ? … elle reste dans la virtualité d’après moi.


Le Président de la République nous explique ensuite la raison de ces choix : C’est la seule façon de protéger nos emplois, c’est la seule façon de garder nos usines, c’est la seule façon de préserver nos agriculteurs, notre mode de vie, notre protection sociale.


Cette politique nous a permis de mieux traverser la crise que la plupart de nos partenaires. Elle nous permettra de mieux profiter de la reprise.


Note : cette reprise tant attendue qui comme l’Arlésienne ne se montre pas dans le présent ni dans un horizon proche.


Enfin la définition d un choix de pluralisme, d’ouverture , de refus de sectarisme, de démocratie exemplaire dans une République irréprochable et une démocratie exemplaire dans le rassemblement et l’unité nous est délivrée dans un morceaux de bravoure présidentiel ou il rappelle ses promesses de campagne électorale, , ses engagements et sa responsabilité personnelle : « Nous avons fait le choix depuis trois ans de refuser le sectarisme. La France a une tradition de divisions, d’affrontements parfois violents. Mais la France n’est grande, n’est forte que lorsqu’elle est rassemblée et lorsqu’elle est unie. Je me suis engagé à ce que tous les leviers de l’Etat ne soient pas confisqués par un seul parti politique. C’est ma responsabilité de veiller à la pluralité des opinions et que cette pluralité des opinions soit respectée dans le choix des femmes et des hommes appelés à exercer des responsabilités. J’avais promis lors de ma campagne électorale une République irréprochable et une Démocratie exemplaire, c’est l’intérêt de notre pays, c’est mon devoir de continuer sous le signe du refus de l’esprit partisan et du sectarisme .Les réformes, la politique économique, la République irréprochable, ce sont des choix qui exigent de la constance qui doivent s’inscrire dans la durée. Notre pays a trop souffert des hésitations, et des changements de cap incessants.


Note : sans commentaires sauf à souligne que notre pays a trop souffert des hésitations, et des changements de caps incessants …. A qui la faute ? … nous voulons le nom des coupables


Enfin une prise de conscience tardive « Mais il y a aussi, j’en ai bien conscience, des sujets qui ne peuvent plus attendre. Nous ne pouvons plus attendre pour résoudre la crise sans précédent à laquelle est confrontée notre agriculture et qui suscite une véritable angoisse dans nos campagnes.


Note : cette mise en bouche précédait le déplacement des sujets « qui ne peuvent plus attendre » sur l’Europe

.L’Europe menacée d’une crise que Le Président est prêt à déclencher comme il l’explique « clairement » :


« Je le dis clairement : je suis prêt à aller à une crise en Europe plutôt que d’accepter le démantèlement de la Politique agricole commune, plutôt que d’accepter que soit laissée la spéculation le soin de fixer de façon erratique des prix agricoles qui ne permettraient plus à nos agriculteurs de vivre décemment du fruit de leur travail. Je ne laisserai pas mourir notre agriculture alors que la question de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaire est devenue cruciale, et que tant de femmes, d’hommes et d’enfants dans le monde meurent de faim.

Puis il revient à nos moutons : les retraites, la santé, la sécurité


Les retraites :


« Nous ne pouvons plus attendre pour nous occuper du financement de nos retraites menacées par un déficit qui ne cesse de se creuser.


« Mes chers compatriotes, je connais votre inquiétude sur l’avenir de nos retraites. Et je sais la sensibilité du sujet, mais mon devoir de chef de l’Etat est de garantir que nos retraites, vos retraites, seront financées. Je ne passerai pas en force. Le temps qu’il faut sera donné à la discussion avec les partenaires sociaux. Mais je vous promets qu’avant six mois les mesures nécessaires et justes auront été adoptées. J’appelle chacun sur un sujet de cette importance à abandonner les postures partisanes.


Notez bien : avant six mois


La santé :


La santé, c’est un sujet de préoccupation pour chacun d’entre vous. Depuis trois ans l’essentiel de nos efforts a porté sur l’hôpital et les personnels hospitaliers. Le temps est venu d’attacher la même attention à la médecine de proximité. Je sais les difficultés auxquelles les médecins se trouvent confrontés. Une grande concertation va s’engager pour déterminer comment ces difficultés peuvent être résolues de façon structurelle. Le temps n’est pas aux rustines en la matière, mais à des décisions structurelles.


Note : on attend pour voir ….les résultats d’une « grande concertation » pour apprendre comment des décisions structurelles remplaceront les « rustines » qui auraient pu être remisées aux oubliettes depuis longtemps si une cette « grande concertation » avait été mise en œuvre depuis 2007.


La sécurité :


« Enfin, la sécurité est une priorité. Une action déterminée conduite avec constance depuis des années nous a permis de faire baisser le nombre des délits, personne ne le conteste.


Mais nous n’avons pas jugulé la montée de la violence dans les stades, dans les transports, dans les établissements scolaires. Cette situation ne peut pas durer. Je suis décidé à m’engager personnellement dans la lutte contre cette violence, la plus brutale, qui est devenue intolérable pour chacun d’entre vous. Ceux qui attendent ou qui espèrent une réaction ferme de ma part ne seront pas déçus.


Note : nous attendons là encore de connaître les dispositions et la nature même de cette « réaction ferme présidentielle » et si elle parviendra à bout de la délinquance quotidienne et de la violence qui va jusqu’à abattre des policiers.


Note : La suite de l’intervention du Président de la République qui consiste à nous livrer son interprétation et ses appréciations personnelles sur l’origine du malaise exprimé par l’abstention ou par les votes protestataires, sur la violence qui pénètre l’école, sur les atteintes à la laïcité, à l’égalité , sur les discriminations, sur l’irresponsabilité de certains parents qui ne s’occupent pas de l’éducation de leurs enfants, sur les concurrence déloyales et dumpings qui détruisent nos emplois , sur l’absentéisme scolaire « un fléau », la responsabilité des parents, le placement envisagés des jeunes qui ne peuvent pas suivre une scolarité normale dans des établissement adaptés, « où ils ne perturberont plus la vie des autres et où ils feront l’objet d’un accompagnement spécifique », sur le voile intégral ou il nous apprend que « le gouvernement déposera un projet de loi d’interdiction conforme aux principes généraux de notre droit..


Note : cette partie de son discours que j’ai notée en résumé ci-dessus (que vous pouvez consulter sur le site de la présidence) n’est qu’une suite de « cadavre exquis » assortie de différents engagements et appréciations dont je vous laisse apprécier la portée « Ce n’est plus supportable »… « je m’y engage, il n’y aura plus aucune concession. »


Pour conclure cette énonciation de « cadavre exquis » le Président déclare : « Sur ces sujets comme sur bien d’autres, je suis convaincu qu’il nous faut revenir en France et en Europe, à des principes simples à des principes de bon sens, sans lesquels la vie ensemble n’est pas possible. Il faut s’y tenir, il faut ne pas transiger.


Note : il faut, il faut ne pas ….


Enfin une conclusion faite de justifications et de promesses :


Depuis trois ans un travail considérable a été accompli. Il a fallu réformer et en même temps affronter une crise comme le monde n’en avait pas connu depuis les années 30.


Il reste beaucoup de travail pour les deux années à venir afin que la France sorte plus forte de cette crise, qu’elle puisse le mieux possible tirer parti de la reprise, qu’elle puisse jouer sa carte dans le monde de demain.


La compétition demain, mes chers compatriotes, ne sera pas moins rude qu’hier, elle le sera davantage. C’est ma responsabilité d’y préparer notre pays. Le Premier ministre François FILLON et le gouvernement vont prendre à bras le corps tous ces problèmes. Je m’y engagerai totalement et à chaque instant.


Vous attendez des résultats. Ces résultats vous les aurez.


Je vous remercie.


Note : qu’avons-nous appris de plus que nous ne savions déjà ? Un discours de routine qui s’inscrit dans la justification de ses choix et la confirmation de la poursuite dans la continuité d’une ligne politique que le résultat des élections régionales ont prouvé qu’elle est orientée dans un sens que la grande majorité des Français électeurs réprouvent.


A noter aussi que Nicolas Sarkozy qui a cité la crise financière, la crise économique s’est bien gardé d’évoquer la crise politique qui est bien présente et dont il est responsable.


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