dimanche 21 mars 2010

En zone Euro les conseilleurs ne sont pas les payeurs

editorial de lucienne magalie pons

Lundi 10 Mars, dans le quotidien le 'Financial Times' britannique, la Ministre française de l’Economie et des Finances a cherché à donner une leçon d'économie à nos voisins allemands, en remettant en cause le modèle qui fait de l'Allemagne le moteur de la région.


Christine Lagarde a plaidé pour la solidarité des pays membres de l’UE et, en reprochant à l’Allemagne de jouer cavalier seul, elle a ciblé la politique d’Angela Merkel en s’avisant de lui dicter une ligne de conduite en matière de politique économique.


Pour Madame Lagarde, l'économie allemande tournée vers l'export outre-Rhin, au détriment d'une consommation intérieure faible, grèverait les partenaires européens en limitant leurs possibilités sur le marché intérieur du pays et en soutenant l'euro, compliquerait la tâche à l'export des autres membres de la monnaie unique. Toutefois, en atténuant son propos, la Ministre française a reconnu que l'Allemagne ne pouvait par seule prendre en remorque tous ses voisins, tout en appelant de ses vœux une stratégie plus collaborative.

La Chancelière Allemande a laissé passer deux jours, et c’est devant les députés Allemands qu’elle opposé fermement sa politique de rigueur financière en réponse implicite à l’appel de solidarité de Christine Lagarde " Là où sont nos forces, nous n'allons pas abandonner nos atouts juste parce que notre export est préféré à celui d'autres pays ", a-t-elle martelé devant le Bundestag, en jugeant qu'un gouvernement économique européen " doit s'aligner sur les Etats membres les plus rapides et les meilleurs, pas sur les plus faibles ".


Alexander Dobrindt, le Secrétaire général de la CSU (parti de la coalition allemande) s'est montré lui plus direct en déclarant " Madame Lagarde doit revenir sur ses déclarations indignes. La jalousie ne devrait pas intervenir dans les relations entre voisins européens. C'est le comportement d'un mauvais perdant "


La France et la Grèce en ont pris pour leur grade, Angela Merkel s’est montrée tout aussi cinglante, en laissant aussi paraître au grand jour les dissensions de la « Zone euro »sur la gestion de la crise en général et la situation grecque en particulier


Toujours devant les Députés Allemands Angela Merkel s’est prononcée contre un soutien financier à la Grèce : « Il ne faut pas apporter une aide prématurée, mais mettre de l’ordre dans tout cela. Toute autre chose serait fatale. » a-telle déclarée.


Plaidant pour le pacte de solidarité de la « zone euro », Angela Merkel a soutenu que « la zone euro » devrait pouvoir exclure un de ses membres, « lorsqu’il ne remplit pas les conditions imposées par le pacte de stabilité.

Mais la Chancelière allemande est allée encore plus loin en fissurant le compromis de façade européen envisagé au cours du week-end précédent sur la Grèce : " La Grèce doit résoudre seule son problème, et tout doit être fait dans cette direction plutôt que d'évoquer une aide prématurée qui n'aboutirait à rien à long terme et qui affaiblirait encore davantage l'Euro en affirmant devant les parlementaires allemands, que l'Europe devrait avoir la possibilité d'exclure en dernier recours un pays de la zone Euro qui ne remplirait pas les conditions en matière de déficit budgétaire !


(Ce qui a pu déplaire au Gouverneur de la Banque Centrale Européenne, qui jugeait encore tout récemment "absurde" l'idée qu'un pays puisse quitter la Zone Euro)


Christine Lagarde dans un premier temps a voulu se montrer conciliante en assurant : « il n'y a aucun différend franco-allemand ».et selon elle, sa position et celle d’Angela Merkel serait « parfaitement compatibles


De son côté dans un premier temps le premier ministre grec a réagi à ces propositions. « La Grèce ne va pas quitter la zone euro », avait ainsi affirmé Georges Papandréou.


(Rappelons que depuis le début de la crise financière, Angela Merkel ne s’est pas éloignée de sa ligne directrice et sur la discipline à adopter, tout en mettant ses convictions en retrait pour « montrer » un front européen uni dans le sauvetage grec)


Mais depuis Lundi, les critiques françaises et les menaces grecques de recourir au Fonds Monétaire International pour assurer son renflouement ont été les gouttes d'eau qui ont fait exploser la Chancelière : « La Grèce s'est mise seule dans cette situation, qui plus est en maquillant ses statistiques économiques ? Qu'elle en paie le prix ! Athènes multiplie les menaces de recourir au FMI ? Qu'elle se tourne vers cette organisation !


Enfin , un porte-parole d'Angela Merkel a franchi le Rubicon de la « zone euro » quand il a annoncé qu'un sauvetage de la Grèce " sans le FMI serait une expérience très périlleuse " et que seule l'organisation dirigée par Dominique Strauss-Kahn " a les instruments " nécessaires. La monnaie unique depuis marqué le coup après toutes ces prises de positions, elle a reculé de plus de 1,38 à moins de 1,37 dollar.


Le Premier Ministre grec George Papandreou s’est lui prononcé pour un soutien européen. " Nous ne voulons pas d'argent des allemand, des français, des italiens ou d'autres salariés et contribuables. Nous disons que nous voulons un soutien politique fort pour faire ces réformes nécessaires et être sûr que nous n'allons pas payer plus que ce qui est nécessaire pour les mettre en œuvre ", a-t-il déclaré ; Actuellement, chaque emprunt grec coûte plus de 6%, un rendement supérieur de 3% à celui d'un emprunt allemand. Ainsi l'émission d'obligations d'Etat de 5 milliards d'euros lancée par le pays en début de mois a-t-elle coûté 275 millions d'euros de plus que si l'Allemagne avait levé la même somme.


Et Monsieur Papandreou a prévenu que si la Zone Euro n'agissait pas rapidement, la piste du FMI serait activée, même si elle n'a " pas sa préférence ".


En conclusion, en dépit de l'hostilité de la France et de la Banque Centrale Européenne pour cette solution, la position allemande risque de peser très lourdement dans la balance dans les jours à venir.


Depuis les médias et les observateurs commentent ces derniers incidents en critiquant la position allemande de pouvoir en dernier recours exclure durablement de la zone euro les Etats en crise. Pour la presse « eurosceptique », ce serait la fin de l'idée européenne.


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